📖 Extrait du Livre

"Le vent glacé du Nord m’a accueilli bien avant que quiconque ne le fasse. C’était une de ces nuits où le froid ne mord pas seulement la peau, mais s’infiltre jusque dans l’âme. Je venais de quitter Lyon, cette ville lumineuse, baignée de soleil, où tout m’était familier. Là-bas, l’hiver était doux, comme une caresse. Ici, à Dunkerque, il était tranchant, brutal. Mon BTS en poche, ou du moins en cours de route, je pensais avoir déjà affronté le pire. Mais rien ne m’avait préparé à ce soir-là. J’avais roulé toute la journée. Un dernier regard dans le rétroviseur sur cette ville que je quittais, puis des kilomètres avalés par la route, des stations-service anonymes, et enfin, ce point d’arrivée qui ressemblait plus à un point de rupture. J’étais là, seul, sans logement, une valise posée sur le siège passager, ma voiture comme unique refuge. Je me souviens avoir pensé : Ce soir, je dors ici. Demain, je verrai. Le moteur éteint, les lumières de la ville vacillaient au loin. J’avais froid, mais ce n’était pas seulement à cause du climat. L’incertitude m’englobait tout entier. Et puis, mon téléphone a vibré. Un appel. Une voix de l’autre côté. Une réponse. Une clé quelque part dans la nuit. En quelques secondes, tout basculait. Ce qui aurait pu être une nuit d’errance dans le silence du froid est devenu un premier pas vers quelque chose de nouveau. Un logement, certes précaire, mais un toit. Une opportunité d’affronter cet hiver, de ne pas plier sous le poids de la solitude. C’était le début. Le début d’un combat contre moi-même, contre mes doutes, contre cette ville grise qui allait peu à peu, jour après jour, s’éclairer de nouvelles rencontres, de défis relevés, d’amitiés tissées dans la rudesse du quotidien. Ce jour-là, j’ai compris une chose : chaque transition est un exil, mais chaque exil est une promesse d’ailleurs. ..."